Note d’intention
Avec cette note d’intention, nous souhaitons exposer les motivations qui nous ont poussés à produire ce spectacle. Guidés par la volonté et la nécessité de faire notre métier, nous voulions trouver une solution qui nous permettrait de nous réunir en respectant les mesures sanitaires. L’enjeu était de penser la situation actuelle sans pour autant en parler frontalement – tenter de donner un regard et une respiration pour retrouver de la légèreté. Si faire du théâtre exige une présence, il n’est pas envisageable de nous mettre en danger, ni les acteurs, ni les spectateurs. C’est ainsi qu’est née cette idée dans la tête de Gabrielle Jourdain, développée et réalisée ensuite sous la direction de Samuel Sené.
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La pièce C-Ω-N-T-α-C-T présente deux personnages dans un monde où la distanciation physique dans l’espace public est devenue la norme : on ne peut plus se serrer la main, s’embrasser, se bousculer, se caresser, ni non plus se frapper. Comment les émotions peuvent-elles encore s’exprimer ?
Nous nous servons des contraintes actuelles et partons de notre réalité sociale pour entrer dans cet univers « sans contact » post-confinement. Notre dispositif n’est autre que celui imposé par les mesures sanitaires: notre quotidien, notre espace public deviennent d’autant plus significatifs dans ce contexte. Est-ce bien réel ou est-ce une fiction ?
Le flou est de mise ; qui est le personnage masculin: l’archange gardien, le fantôme du père parti trop vite, une voix intérieure? Le spectateur y répondra seul. Sarah, le personnage féminin, a juste besoin d’un « passeur », pour comprendre la peur derrière la colère : pourquoi de sa phobie du contact, comment retrouver la paix intérieure. La mort a frappé sans pouvoir dire tout ce qui aurait du être dit. Aujourd’hui, c’est l’heure du deuil. Mais surtout de l’acceptation, du lâcher-prise, et donc de la construction de « l’après ».
Grâce à une création sonore qui viendra se calquer sur ce que nous voyons et augmenter ainsi la réalité immédiate, nous plongerons dans ce cri intérieur. Une voix, un son, une sensation : je suis dans la tête d’un personnage, j’entends ses pensées intimes, j’entends son monologue interne ; quand il se gratte la tête, j’ai la sensation qu’on gratte aussi la mienne, j’entends les bruits spatialisés comme le personnage, et quand ce dernier se bouche les oreilles, c’est tout mon être qui se renferme dans son intimité.
Expérience individuelle ou collective ? Dans les écouteurs de chacun, un flux audio est diffusé – design sonore, textes, expériences acoustiques et sons binauraux offrent un lien inextricable et poétique entre son et jeu des comédiens en chair et en os. Cette création sonore et musicale permet une rencontre inattendue avec les personnages, en percevant physiquement leurs pensées.
Une immersion théâtrale « en toute sécurité », poétique et cathartique, spécialement conçue pour être adaptée aux conditions sanitaires actuelles. Le fond et la forme s’entrecroisent et nous mènent à une réflexion sensible autour du pardon, du lien familial et de l’expression intime, joyeuse et lumineuse de notre humanité.
Nous explorons toutes les possibilités d’un dispositif exigeant et original, créant un flou ironique autant que dramatique autour de la pensée dite et/ou tue, remettant en cause l’ordre naturel entre pensée abstraite et pensée verbalisée, se jouant des concepts de fiction et d’immersion et explorant les limites intimes de la transgression. Pas de réponse, pas de morale, juste une question : pouvons-nous être en paix avec nos émotions quand il n’y a pas contact ?
Intention • Dispositif • Contexte actuel • L'archange Raphaël • Son binaural • Lien corps/émotion • Théâtre et intermédialité
