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Lien corps/émotion

Nous avons souhaité travailler sur certaines émotions primaires exposées dans divers travaux de psychologie et de neurosciences, telles que la colère, la peur, la tristesse et la joie. Ainsi, on retrouve ces émotions à divers moments de la pièce, à tous les niveaux d’expression: le champ lexical de l’écriture, le corps des comédiens, le design sonore… L’idée est alors de produire ces émotions chez le spectateur, non seulement par empathie mais aussi grâce aux sensations physiques, et ainsi augmenter l’effet cathartique de la pièce.

Relation corps et émotion : approche scientifique et hypothèse thérapeutique en ostéopathie.

Extrait du mémoire de Jean-Luc LASSERRE, Ostéopathe. Le lien vers son travail est accessible en fin de texte.

 

L’émotion. Etat de conscience, agréable ou pénible, concomitant à des modifications organiques brusques d’origine interne ou externe.

Un changement extérieur ou intérieur ( bruit, lueur, contact, coup, souvenir, image, concept…) s’il est subi et inattendu, peut produire un ébranlement de certains neurones, qui se transmet au système neurovégétatif, lequel répond par des modifications vasomotrices, l’accélération ou l’arrêt du cœur, de la respiration, la sécheresse de la bouche, l’horripilation de la peau, les pleurs et les sanglots, divers troubles digestifs, le tremblement des muscles, tous phénomènes échappant à notre volonté, mais dont nous prenons conscience.Grand Larousse Encyclopédique

Les émotions sont des incitations à l’action, une tendance à agir face à une situation. D’ailleurs, du point de vue éthymologique, « émotion » vient du verbe latin « movere » = mouvoir et du préfixe « é » = vers l’extérieur.

Une émotion correspond donc au départ à une réaction corporelle face à un événement.

Par exemple :

-la colère: elle fait affluer le sang vers les mains, ce qui permet à l’individu de s’emparer plus prestement d’une arme ou de frapper un ennemi et engendre une sécrétion massive d’hormones comme l’adrénaline qui libère l’énergie nécessaire à une action vigoureuse.

-la peur: elle dirige le sang vers les muscles qui commandent le mouvement du corps comme les muscles des jambes ce qui prépare la fuite en faisant pâlir le visage.

-Le dégoût: entraîne une fermeture des narines avec retroussement de la lèvre supérieure face à une odeur désagréable ou pour recracher un aliment toxique.

Ainsi de suite, chaque émotion possède son expression corporelle spécifique. Une émotion est donc une réaction physique face à une situation et est donc à la base du comportement de l’individu, à savoir la façon de réagir dans un contexte donné.

Nous pouvons déjà relever une problématique importante de notre monde civilisé : l’inhibition de la réaction corporelle en relation avec l’émotion (« tu ne dois pas exprimer ta colère », « tu ne dois pas pleurer »,…).

Il existe des centaines d’émotions avec leurs nuances, leurs combinaisons, leurs variantes. (…) Il existerait six émotions simples fondamentales : la colère (haine, rage), la tristesse (abattement, chagrin, mélancolie, désespoir), la peur (anxiété, terreur, panique, timidité), la joie (plaisir, euphorie, extase, amour, dévotion), la surprise (étonnement), le dégoût (aversion, écœurement).

L’activité sympathique et parasympathique cardio-vasculaire et sur les viscères provoque d’ailleurs des sensations qui sont le plus souvent le seul moyen que nous ayons à notre disposition pour décrire nos émotions : nous sommes « glacés d’effroi », notre cœur « bat à se rompre dans notre poitrine ». Nous en avons « des sueurs froides » ou « le souffle coupé ». Parfois nous « haletons d’angoisse ». Mais nous « rosissons de plaisir » et la « détente du bonheur » exprime la sensation de la résolution musculaire alors que l’inhibition de l’activité neuromotrice s’accompagne d’une sensation de « jambes coupées ».

Dans tous les cas les ajustements vasomoteurs permettant la réalisation de l’action ou se montrant inefficaces et reconnus comme tels, seront ressentis comme une activité affective, comme sentiments ou émotions.

(Schéma montrant les principales voies neurales au sein du corps et du cerveau impliquées dans l’expression des émotions et leur perception. IR :réponse interne)

L’activité neurale est en perpétuelle modification suivant les changements corporels, le cerveau photographie le paysage corporel moment après moment, ce que Mickael Merzenich nomme la « traduction en direct » de ce qui se passe dans le corps.

Sous l’effet de l’émotion, les hormones libérées dans le corps vont informer le cerveau via la circulation sanguine tout en modifiant éventuellement le traitement des signaux neuraux.

C’est dans ce processus de continuelle surveillance du corps, dans cette perception de ce que le corps est en train de faire, tandis que se déroulent nos pensées, que consiste le fait de ressentir des émotions.

Sur le plan neural il s’agit d’une juxtaposition d’une image corporelle avec une image mentale (visuelle, auditive, …) sachant que les deux images restent séparées.

On pourrait penser, ce qui correspond à la pensée classique, cartésienne, que le même agent cérébral qui envoie les informations vers le corps envoie simultanément les informations à un autre site cérébral (le système somatosensoriel) et celles-ci seraient à la source de la perception des émotions: soit un phénomène neural intracérébral.  La perception des émotions serait parallèle au changement corporel mais ne serait pas basée dessus.

La conception plus moderne, comme nous l’avons vu, pense que la capacité de ressentir une émotion passe par la prise en compte du phénomène corporel pour différentes raisons : il n’existe pas seulement une voie neurale mais aussi chimique ; le cerveau ne peut pas connaître par avance la réaction corporelle qui dépend aussi de conditions locales ; l’émotion est à chaque fois élaborée de façon nouvelle et n’est jamais une reproduction exacte, un phénomène stéréotypé.

Cependant, la boucle intracérébrale existe, le cerveau peut court-circuiter le corps par le biais de neurones modulateurs du tronc cérébral, et correspond à un phénomène de simulation grâce à l’apprentissage suite à une répétition d’images mentales et d’expressions corporelles.

Ceci permet d’éviter un processus plus lent et consommateur d’énergie.

(Mécanismes de perception des émotions par le biais de processus en « boucle » )

Les événements corporels sont-ils nécessaires pour ressentir une l’émotion ?

Oui, mais moins « fortes ». Les patients souffrant de blessures de la moelle épinière qui les empêchent de percevoir les états de leur corps disent avoir encore des émotions.

Le syndrome du « locked in », traduit par « enfermement » provient d’une atteinte de la partie antérieure du tronc cérébral. Elle s’accompagne d’une paralysie de tout le corps excepté le clignement des paupières et le mouvement des yeux sur un axe vertical. Apparemment, les patients atteints de ce syndrome connaissent un étrange sentiment de sérénité intérieure. Cela ne veut pas dire qu’ils ne ressentent pas d’émotions (probablement par le mécanisme de simulation cérébrale et d’imagerie mentale), mais ils ne déclarent pas éprouver le sentiment de terreur que l’on aurait imaginé en de telles circonstances.  Ainsi, les personnes qui ne reçoivent aucune information de l’état de leur corps peuvent ressentir une émotion (de la même façon qu’elles construisent une image mentale) mais elles ne ressentiront pas le feed-back en provenance de leur corps et du système nerveux autonome.

Les anosognosiques perdent toute conscience de leur état. C’est un trouble engendré suite à une lésion de l’hémisphère droit au niveau des aires somatosensorielles dont l’insula et l’aire S2 situées dans le lobe pariétal. Les anosognosiques ont une perception et une expression émotionnelle quasi-nulle. Le problème est qu’ils ne peuvent mettre à jour leur état corporel actuel et se basent sur leur état passé satisfaisant et se déclarent donc bien en dépit de l’état présent. On peut momentanément leur faire réaliser leur état mais ils oublient très vite.

Les informations présentes corporelles n’arrivent plus au cerveau de façon automatique et naturelle et ils n’ont donc plus de référence.  Dans ce cas, nous assistons à une désintégration du MOI car ils ne peuvent plus mettre en corrélation les informations sur l’état présent du corps avec une référence de base concernant ce dernier. Ainsi la référence corporelle est essentielle, elle est à la base de l’humeur de l’individu.

Lien vers le mémoire de Jean-Luc Lasserre :

http://lasserre-osteopathe-lyon.info/?page_id=22

Citations et dessins extraits de DAMASIO Antonio, Le sentiment même de soi, corps, émotions, conscience; Editions Odile Jacob, Paris.

EKMAN Paul. Emotion in the human face, Second Edition. Cambridge University Press, 1982 11 LABORIT Henry : l’inhibition de l’action Masson PARIS 1980 pp 44-45 12 ibid 11 13 ibid 11

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